Point Virgule

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Salutations à tous!

Je vous souhaite la bienvenue sur mon blog. Celui-ci est tout neuf et a pour but de vous faire partager mon avis sur les ouvrages que j'ai lu.

Au fil du temps, j'espère pouvoir découvrir des auteurs, des maisons d'éditions peu connus et les promouvoir au travers de mon blog.

Mettre en valeur les bons ouvrages qui ne sont pas répandus me tient beaucoup à cœur. En ce sens, n'hésitez pas à me conseiller des bouquins qui mériteraient d'être plus lus...

N'hésitez pas à me laisser un commentaire, cela fait toujours plaisir. N'hésitez pas non plus à associer à votre pseudo, le lien de votre blog (si vous en possédez un) afin que je puisse aller le visiter!

Bonne lecture et à très vite!

Point Virgule.

mercredi 15 mars 2017

Le quatrième mur - Sorj Chalandon



Titre : Le Quatrième Mur
Auteur : Sorj Chalandon
Edition : Le Livre de Poche
Date de sortie : 2013
Pages : 327
Prix : 7.10€
« Une lecture bouleversante… »






Quatrième de couverture :

          L’idée de Samuel était belle et folle : monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m’a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l’a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m’offre brutalement la sienne…



Mon avis :

          L’idée de ce roman est de mettre en corrélation deux thématiques : d’une part celle de la guerre, d’autre part celle du théâtre. Il est important de noter que la thématique du théâtre est au service de celle de la guerre, elle sert en quelque sorte de décor. La guerre évoquée ici est la Guerre Civile du Liban, année 1982 dans le roman.

            Ce qui est beau dans cette fiction, c’est la volonté de réunir sur une scène des adversaires de guerre, de leur faire voir en l’autre un acteur et non un ennemi, afin de faire place à la poésie théâtrale. Une personne de chaque camp, interprétant, un personnage de la pièce Antigone de Jean Anouilh.

« Antigone était palestinienne et sunnite. Hémon son fiancé, un Druze du Chouf. Créon, roi de Thèbes et père d’Hémon, un maronite de Gemmayzé. Les trois chiites avaient d’abord refusé de jouer les « Gardes », personnages qu’ils trouvaient insignifiants. Pour équilibrer, l’un deux est aussi devenu le page de Créon, l’autre avait accepté d’être « Le Messager ». Au metteur en scène de se débrouiller. Une vieille chiite avait aussi été choisie pour la reine Eurydice, femme de Créon. « La Nourrice » était une Chaldéenne et Ismène, sœur d’Antigone, catholique arménienne. »

La question que l’on pourrait se poser, c’est : Pourquoi ? Oui, c’est vrai ce n’est pas avec une simple pièce de théâtre que l’on va arrêter la guerre ; Sorj Chalandon le dit lui-même. Alors pourquoi ? Pour une trêve de deux heures. Pour que chacun baisse un instant son fusil, et que la paix règne quelques minutes…

« La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l’être aussi. Il fallait justement proposer l’inconcevable. Monter Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court. Ce serait tellement beau que les fusils se baisseraient.

- Pour une heure, a ricané Aurore.

Elle était assise. Je me suis accroupi entre ses genoux.

- Une heure de paix ? Et tu voudrais que nous rations ça ? »

           Samuel est celui qui  le premier entreprend de monter Antigone à Beyrouth, rempli d’espoir et de naïveté. La maladie l’empêchant de mener à bien son projet c’est Georges, un ami à lui, le narrateur, qui va prendre sa suite.

          En nous faisant suivre le personnage de Georges, l’auteur aborde des points essentiels sur le thème de la guerre. Dans un premier temps l’absurdité de cette guerre, chaque camp veut vivre en paix mais chacun est acteur de ce conflit.

« C’est le Liban qui tire sur le Liban. »

          On pourrait penser que l’auteur traite d’un sujet qu’il ne maîtrise pas, or c’est faux. Sorj Chalandon a été pendant plus de 20 reporter guerre, a vu la guerre au Liban et en a été profondément marqué, ressentant le besoin de l’exprimer dans ce livre. Il disait dans une interview, en parlant du métier de journaliste (car il a rencontré cette guerre en tant que tel) : « Notre rôle à nous c’est de cueillir les larmes des autres et pas de laisser couler les siennes ».

          Dans le roman, Georges, est le double de l’auteur, c’est Sorj Chalandon qui le dit lui-même. Si on connait un peu l’auteur on découvre d’ailleurs beaucoup de similitude entre le personnage de Georges et l’auteur. Au travers de Georges, S.J. apporte une thèse essentielle : on ne peut pas affirmer connaître la guerre tant qu’on ne l’a pas rencontré, tant qu’on ne s’est pas confronté à elle. C’est une erreur que commet Georges. Parce qu’il a participé à une ou deux bagarre, au coin de sa rue, il croit savoir ce qu’est la guerre, mais il apprendra de ses erreurs. Un dialogue entre Georges et une libanaise souligne bien ce point :

«  - Je sais ce qui s’est passé à Damour

-Non. Ne dites pas ça. Vous ne savez pas. Personne ne sait ce qu’est un massacre. On ne raconte que le sang des morts, jamais le rire des assassins. On ne voit pas leurs yeux au moment de tuer. On ne les entend pas chanter victoire sur le chemin du retour. On ne parle pas de leurs femmes, qui brandissent leurs chemises sanglantes de terrasse en terrasse comme autant de drapeaux. »

            Si vous avez lu Antigone (de Jean Anouilh ou de Sophocle) vous pourrez établir des rapports intéressants entre la pièce tragique et la tragédie libanaise… Mais je vous laisse découvrir cela, afin que vous puissiez établir les analogies vous-mêmes, il y a des pistes de réflexions très pertinentes à creuser de ce côté-là. Qui est vraiment Antigone dans le roman ? Uniquement l’actrice à laquelle a été attribué le rôle? Beaucoup d’éléments laissent le lecteur libre d’établir sa propre interprétation.

           Je vous conseille vraiment de lire ce livre, il m’a profondément remué. Moi qui d’ordinaire ne pleure jamais en lisant, quelques larmes ont bien failli s’échapper de mes yeux (cela aurait été le cas lors de certains passages si je n’étais pas en train de bouquiner  dans un espace public). Car oui, ce livre montre la cruauté de la guerre dans tout ce qu’elle a d’ignoble. J’étais indignée, je me suis mise à trembler, sous le coup de l’émotion. J’étais révoltée, devant le meurtre d’innocents, qui ne demandaient qu’à vivre.

          Il y a tant de choses que j’aimerais encore pouvoir dire sur cette magnifique histoire, mais je vais m’arrêter de peur d’être trop longue. J’espère que vous lirez cette histoire à la fois belle et cruelle. La lecture n’est pas difficile on tourne les pages les unes après les autres aisément. Je terminerais simplement sur cette phrase de Samuel :

« La violence est une faiblesse. »

Que lire sur ces thèmes-là ?

-  pièce de théâtre: Antigone de Jean Anouilh et/ou de Sophocle

- un livre inspiré d’Antigone : Le clan suspendu Etienne Guéreau (des personnages qui vivent dans les arbres et qui répètent sans cesse Antigone)

- sur les conflits Israël/Palestine : Si tu veux être mon amie de Galit Fink et Mervet Akram Sha’ban  (une palestienne et une israélienne qui s’écrivent en temps de conflit).

4 commentaires:

  1. Ce livre est un vrai chef d'oeuvre!

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  2. Je suis tout a fait d'accord avec toi! Ca me donne vraiment envie de découvrir d'autres livres de cet auteur!!

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  3. Wow *.*
    C'est dingue la sincérité que tu as mis dans cette chronique, on sent vraiment que le livre t'a bouleversé !
    Je retenterai l'auteur avec ce texte alors ;) C'est idiot de rester sur une mauvaise impression ! Mais je n'ai lu ni Anouilh ni Sophocle, j'avoue ne pas connaître du tout Antigone, j'espère que ça ne "gênera" pas ma lecture O.O
    Bisous !

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    1. Coucou
      oui, ce bouquin a ému mon petit cœur ;)
      Je pense que ça ne gêne pas à la lecture de ne pas avoir lu Antigone. Après, il peut être bon de savoir les grandes lignes du mythe (bonjour Wikipédia), comme il peut être bon de plonger dans l'histoire sans rien connaître à toi de voir :)
      Bisous :)

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